CONSEILS DU CŒUR

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Religions

533 Les Quatre Nobles Vérités

533 Les Quatre Nobles Vérités

Je lis avec beaucoup de plaisir et d’intérêt le livre de Dilgo Khyentsé, The Heart Treasure of the Enlightened Ones, commentaire d’un long poème de Patrul Rinpoché. Une fois de plus, je me rends compte de la relativité des formes et des croyances religieuses, et de la difficulté qu’ont même les plus grands maîtres à faire la différence entre la vérité qui devrait transcender toutes les formes, écoles, religions, croyances, superstitions, et ces mêmes formes et croyances ; ou les utilisent-ils pour tâcher de convaincre les gens tout en sachant qu’elles ne sont que relatives ? Je pense plutôt qu’elles sont tellement ancrée dans leur tradition qu’ils les prennent comme acquises et ne pensent pas qu’elles puissent être mises en cause. Comme, chez les Tibétains, les vies antérieures, le karma, l’existence des déités, la supériorité du mahayana* ou du vajrayana* sur le hinayana* (sans parler des autres religions dont on ne parle même pas). Chez les chrétiens, ce sera l’existence de Dieu, du Saint-Esprit, la résurrection du Christ, l’enfer et le paradis, etc. Chaque religion a ses propres croyances, contradictoires bien sûr avec celles des autres religions. Elles ne sont que des concepts, du verbiage créé par l’homme, dans le but méritoire (même si ce sont de pieux mensonges) de le faire pratiquer et évoluer vers une vie meilleure, plus heureuse, et de meilleurs rapports avec son prochain. Un peu comme quand on dit à des enfants : « Si tu es sage, le père Noël va t’apporter un beau cadeau, sinon le père fouettard va venir te chercher ». Mais ce sont des histoires, des contes de fées pour adultes.

Pour aider à se concentrer sur la vérité, Patrul Rinpoché dit de réciter le mantra de six syllabes (om mani padme hum), Ajahn Buddhadasa* dit d’inspirer et d’expirer, les chrétiens vont dire de répéter le nom du Christ et les musulmans celui d’Allah. Le but, bien sûr, est de comprendre la vraie réalité des choses, de changer sa vie, devenir une meilleure personne, avoir plus de compas­sion pour les autres, et ainsi, être soi-même plus heureux. Mais toutes les théories et méthodes que prêchent les prêtres ne sont pas la vérité, seulement des théories et des méthodes relatives auxquel­les ils nous demandent de croire comme si elles étaient des vérités absolues (ce n’est que le doigt qui montre la lune) ; alors, les prenant pour telles, les gens se battent pour les défendre en niant celles des autres ! Comme quoi, même les plus grands saints, lorsqu’ils prêchent la paix, fomentent en même temps la guerre. Car, par leurs pieux mensonges démagogiques, ils nous vendent du relatif pour de l’absolu, en brandissant l’enfer pour nous pousser à les croire et à devenir des esclaves des superstitions qu’ils nous inculquent. Aussi, dans le Dharma*, malheur à qui ne sait pas lire entre les lignes, et séparer le bon grain de l’ivraie ! Il finira sa vie à croasser des mantras dans un bénitier !


Mahayana (sanscrit) : littér. grand véhicule. Une des deux grandes branches du bouddhisme – avec le theravada, ou bouddhisme ancien – qui s’est développée en Inde à partir du premier siècle avant J.-C. Le mahayana comprend toutes les écoles tardives du bouddhisme qui se sont répandues par la suite en Chine, au Japon et au Tibet. Alors que le theravada met l’accent principalement sur la vie monastique et la libération individuelle, l’adepte du mahayana aspire à l’illumination pour œuvrer à la libération de tous les êtres. Cette attitude est incarnée par le bodhisattva, dont la vertu principale est la compassion.

Vajrayana (sanscrit) : littér. véhicule de diamant. Ce terme désigne des écoles ésotériques tardives du bouddhisme mahayana qui se sont implantées surtout au Tibet, mais aussi en Chine et au Japon. La tradition orale du vajrayana fut ensuite rédigée sous la forme de textes appelés tantras. Les enseignements du vajrayana sont basés sur la théorie de la perfection de la sagesse (prajñaparamita). Les pratiques du vajrayana comprennent, entre autres, l’initiation par un maître (guru) reconnu, la visualisation de divinités et de mandalas, ainsi que la récitation de mantras.

Hinayanamahayana et vajrayana (sanscrit) : dans le bouddhisme, le petit véhicule, le grand véhicule et le véhicule de diamant. 

Buddhadasa (Ajahn) (1906-1993) : ordonné moine à l’âge de vingt ans, Ajahn Buddhadasa fonda en 1932 le monastère de Suan Mokkh, qui fut le premier monastère de la forêt dédié à la méditation dans le sud de la Thaïlande. Son dernier projet, dans les années 1980, fut d’établir à Suan Mokkh un centre international de Dharma qui organise régulièrement des cours et des séminaires sur le bouddhisme et des retraites de méditation. Ajahn Buddhadasa fut, avec Ajahn Chah, un des maîtres thaïlandais les plus influents du vingtième siècle. J’ai eu la chance de suivre son enseignement de 1988 à 1993.

Dharma (sanscrit ; pali : Dhamma) : la doctrine du Bouddha, un des Trois Joyaux, avec le Bouddha et la Sangha. Dans un sens plus général, tout enseignement ou chemin spirituel. 

 

3 août 1993, Hua Hin

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