CONSEILS DU CŒUR

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Cœur pur

544 Joie

544 Joie

On voit toutes les choses comme pures quand on a le cœur pur, dit Ryokan. Cela ne veut pas dire que les choses changent et deviennent pures ; c’est l’esprit qui les voit qui change, et ne discrimine plus entre ce qu’il aime et trouve pur et ce qu’il n’aime pas et trouve impur : le jugement dualiste de l’ego a cessé. C’est le propre de l’être ordinaire de voir la pureté dans les arcs-en-ciel et les belles paroles, ou le nectar dans les glaces à la vanille ; et de voir l’impureté dans la pollution et les insultes, ou le poison dans ce qu’il n’aime pas. Il ne faut pas comprendre pureté au sens ordinaire, mais au sens symbolique du Dharma* ! Percevoir cette pureté même dans les choses les plus impures ; et voir comme des bouddhas pas seulement les êtres qui nous séduisent par leurs beaux discours et leur présence charismatique ! Tant qu’on voit le pur et le bien dans ce qu’on aime ou désire, et l’impur et le mal dans ce qu’on hait ou craint, c’est qu’on n’a pas le cœur pur : le cœur qui a renoncé aux illusions du monde et surtout à soi-même ! 

Avoir le cœur pur, c’est être sage et lucide, pas naïf et crédule. 

Ayya Khema* disait « voir le désirable dans l’indésirable, et l’indésirable dans le désirable » ; Thich Nhat Hanh « voir la fleur dans le fumier, et le fumier dans la fleur » ; Ajahn Buddhadasa* « aller au-delà du bien et du mal, du positif et du négatif, et contrôler les vedanas (sensations) ».


Dharma (sanscrit ; pali : Dhamma) : la doctrine du Bouddha, un des Trois Joyaux, avec le Bouddha et la Sangha. Dans un sens plus général, tout enseignement ou chemin spirituel. 

* Khema (Ayya) (1926-1997) : née à Berlin, Ayya Khema fut ordonnée nonne en 1979 au Sri Lanka. Elle enseignait le bouddhisme theravada et la pratique des jhanas, les absorptions méditatives. Elle fonda en 1978 le Wat Buddha Dhamma, un monastère de la forêt situé en Australie, où j’ai fait ma première retraite avec elle en février 1990 (voir mon livre Le parfum de l’éveil). Elle fut ensuite mon principal maître spirituel jusqu’à sa mort. 

* Buddhadasa (Ajahn) (1906-1993) : ordonné moine à l’âge de vingt ans, Ajahn Buddhadasa fonda en 1932 le monastère de Suan Mokkh, qui fut le premier monastère de la forêt dédié à la méditation dans le sud de la Thaïlande. Son dernier projet, dans les années 1980, fut d’établir à Suan Mokkh un centre international de Dharma qui organise régulièrement des cours et des séminaires sur le bouddhisme et des retraites de méditation. Ajahn Buddhadasa fut, avec Ajahn Chah, un des maîtres thaïlandais les plus influents du vingtième siècle. J’ai eu la chance de suivre son enseignement de 1988 à 1993.

 

26 octobre 1993, Hua Hin

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